pervers narcissique

Le pervers narcissique et la relation d’emprise

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Comment identifie-t-on un pervers narcissique ?

Selon D. Barbier, il y a des degrés de perversion spécifiques qui peuvent être identifiés…

L’émission A vue d’esprit, présentée par C. Erard et P-Y. Moret, interview le psychanalyste D. Barbier à propos de la perversion narcissique. Selon l’auteur, le pervers narcissique fonctionne selon deux moteurs, il y a une pulsion d’emprise, l’autre c’est ma chose, il y a l’idée de mettre ses griffes sur lui et de le considérer comme un objet. Nous appelons cette première étape un processus de réification. En psychologie, la réification désigne le fait de considérer la personne comme un objet, le pervers tente alors d’annuler autrui afin de parvenir à ses fins. Chez le pervers, l’autre est uniquement une source de jouissance qui ne dispose pas d’individualité propre, il est un vulgaire objet que l’on peut manipuler sans remord. L’autre est ma chose et elle est utilisée à profit exclusif, quand il ne me sera plus utile du tout je le jetterai quitte à ce que je l’aide à se suicider. D. Barbier insiste sur la capacité des pervers narcissiques à précipiter leur objet jusqu’au suicide, ils sont très doués d’un point de vue criminologique pour favoriser des suicides parfaits.

Toutefois, il existe des pervers ordinaires selon des degrés différents de perversion, ce sont des personnes qui modifient leurs techniques et qui diffèrent un peu leur jouissance. Etre narcissique en soi n’est pas le signe d’une perversion, être narcissique permet de se faire du bien à condition d’accepter l’autre dans sa singularité, bien s’aimer, avoir de l’humour, aimer la bonne vie, un zeste de narcissisme fait le charme des relations humaines.

Le narcissisme excessif, nous dit D. Barbier, c’est celui qui a oublié de s’ouvrir aux autres et qui regarde exclusivement son nombril et sa jouissance. La perversion, c’est changer, c’est tournebouler, c’est faire perdre l’axe, c’est déboussoler, c’est changer la direction de quelqu’un, c’est de ne pas lui permettre d’avoir accès à sa souveraineté d’être. C’est un usage falsifié des mots, c’est mentir en sachant sciemment que l’on ment. C’est utiliser une stratégie qui fait que nous sommes un bonimenteur faisant accepter à l’autre n’importe quoi.

Barbier parle de l’hypnotisation à l’œuvre dans la relation d’emprise. Il fait le parallèle avec les stratégies publicitaires qui endorment les gens et accentuent leur confusion. Le discours du pervers est comme un message publicitaire énonçant une chose et son contraire en même temps. D. Barbier compare le pervers narcissique à la créature légendaire du vampire qui se nourrit de sa proie en lui aspirant son élan vital, il saigne sa proie et la précipite dans un gouffre sans fond. En consultation, le psychanalyste, le psychologue ou le psychiatre reçoivent des personnes totalement délabrées, des victimes qui ne croient plus en elles et qui sont proches du suicide. Il est parfois difficile de les aider à remonter la pente car elles sont touchées dans leur moi profond et présentent un doute généralisé.

Le pervers narcissique et son complice

Dans son ouvrage « Le pervers narcissique et son complice » (1989), l’auteur A. Eiguer évoque l’emprise du pervers sur l’autre, à la fois victime et complice. Soulignons ici que la relation d’emprise mise en place par le pervers narcissique est une stratégie qui vise à détruire l’autre en tant qu’individu, il n’est plus qu’une simple chose manipulable et jetable pour le pervers. Dans le rapport du pervers et son complice, des mécanismes psychologiques bien précis se mettent en place progressivement. Il y a toujours une partie prenante chez la victime et qui entre dans la relation d’emprise initiée par le pervers. La proie du pervers est une personne qui aime la vie et qui est joyeuse, naïve et dans l’idéalisme. Le pervers narcissique cherche auprès de sa victime quelque chose de fortement émotionnel qui ranime son esprit desséché. Le pervers va capter ses qualités parce que lui a voulu faire l’économie d’une période dépressive, comme s’il n’acceptait pas la part mauvaise qui loge au fond de lui.

D. Barbier parle d’un déni de la partie mauvaise qui pourtant est présente en chacun de nous. Nous avons cette notion qu’il y a une partie bonne et une partie obscure que nous avons intérêt à développer. Là où était l’inconscient, le « Je » doit devenir. Ce « Je » me permet de prendre en compte ma responsabilité en tant qu’individu inscrit dans la relation à l’autre, si je fais le mal autour de moi, il est important de pouvoir modifier ma conduite par rapport à des valeurs qui me transcendent.

Est-ce que n’importe qui peut devenir pervers ? Non, il y a des causes qui favorisent l’installation de la perversion narcissique.